Louis-Joseph Papineau

Les étapes de sa vie

1786- Le 7 octobre à Montréal, né de Joseph Papineau et Rosalie Cherrier.
1808- À 21 ans, élu député de Kent (Chambly) et réélu en 1809 et 1810.
1811- Il est reçu avocat.
1812- Jusqu’en 1814, commandant d’une compagnie de milice (5e bataillon).
1814- Élu député de l’ouest de Montréal et réélu en 1816, 1820, 1824, 1827 et 1830.
1815- Élu président (orateur) de la Chambre (jusqu’en 1837) et chef du Parti Canadien.
1817- Devient seigneur de la Petite-Nation en Outaouais.
1818- Le 23 avril, il épouse à Québec Julie Bruneau de Montréal.
1827- Le Parti Canadien devient le Parti Patriote.
1832- L’ Assemblée adopte la première Charte des Droits de l’Empire.
1834- Élu à la fois député de l’ouest de Montréal et du comté de Montréal.
L’ Assemblée adopte les 92 résolutions.
1837- Le 23 octobre, il participe à plusieurs assemblées anticoercitives, dont celle de Saint-Charles.
Fin novembre, début décembre, il s’exile aux États-Unis (Albany).
1839- S’en va vivre à Paris avec sa famille.
1845- Amnistié, il revient au Canada-Uni.
1848- Élu député de Saint-Maurice.
1854- Élu député des Deux-Montagnes.

Se retire à Montebello et développe sa seigneurie

Papineau a eu de son épouse Julie, neuf enfants dont cinq sont parvenus à l’âge adulte: trois fils : Lactance, Gustave et Amédée, ainsi que deux filles : Ezilda et Azélie. Celle-ci épousa en 1857 l’architecte et peintre Napoléon Bourassa. De ce mariage est né Henri Bourassa, nationaliste canadien et fondateur du Devoir.

Le MÉMORIAL de Louis-Joseph Papineau répond à un devoir de mémoire vu les liens nombreux et étroits que ce grand homme a tissés avec cette localité.
Il l’a fait d’abord par sa mère, Marie-Rosalie CHERRIER. Née à Longueuil en 1756 celle-ci a suivi sa famille à Saint-Denis en 1770 parce que l’aîné des garçons, François, ordonné prêtre un an avant, venait d’être nommé curé de cette paroisse prospère.
Rosalie a donc vécu son adolescence sur les bords du Richelieu. Son père était notaire, tout comme Joseph Papineau, le père du jeune Louis-Joseph. Pas surprenant qu’il y ait eu des rencontres, puis un mariage. Celui-ci eut lieu le 23 août 1779 dans l’église de Saint-Denis, en présence du curé François, frère de la mariée.

Pratiquement un citoyen
Joseph Papineau et Rosalie Cherrier se sont installés à Montréal et c’est là qu’est né Louis-Joseph le 7 octobre 1786. Le garçon y a commencé ses études, mais il les a complétées à Québec. Il s’est engagé très tôt en politique. Il a été élu député de Kent (Chambly) dès 1809, donc à 23 ans. Et il a rapidement pris la tête du Parti Canadien (devenu le Parti Patriote en 1828). Il fut député de Montréal-Ouest de 1814 à 1837.
Louis-Joseph était déjà Orateur (président) de l’Assemblée quand il a épousé Julie Bruneau à la cathédrale de Québec le 29 avril 1818. Le couple a eu neuf enfants, dont cinq sont morts en bas âge. De par sa fonction, on devine que M. Papineau voyageait déjà beaucoup, un peu partout au Bas-Canada.
Même s’il n’a jamais résidé à Saint-Denis, Louis-Joseph est pratiquement devenu un citoyen de ce bourg dynamique. Il y venait souvent, il s’y sentait chez lui à cause de sa nombreuse parenté du côté maternel. D’ailleurs, deux de ses oncles, Benjamin et Séraphin Cherrier, étaient eux-mêmes députés. Un de ses cousins, Denis-Benjamin Viger, député, allait devenir Premier ministre de 1843 à 1846 pour le Canada-Uni.

Le prestige d’un Premier ministre
Comme partout ailleurs au Bas-Canada, dans les années 1820 et 1830, Louis-Joseph Papineau était adulé et admiré parce qu’il exprimait à merveille les espoirs de la population. On venait l’écouter parce qu’il avait une belle prestance et parlait avec une éloquence extraordinaire.
On doit se rappeler que M. Papineau a été près de 25 ans Président (on disait Orateur) de l’Assemblée législative à Québec. Il jouissait du prestige d’un « Premier ministre », même s’il n’en avait pas les pouvoirs. À chaque élection, il faisait élire une bonne majorité de députés.
On peut donc imaginer que durant toutes ces années-là, de 1810 à 1837, Saint-Denis vibrait souvent quand les membres des familles Cherrier, Papineau et Viger s’y rassemblaient.

Papineau s’adressant à la foule. Archive nationale du Canada

La crise éclate
Début novembre 1837, la situation devint intenable à Montréal. Même si M. Papineau était député et Président de la Chambre, les Loyaux venaient sans cesse attaquer sa maison. Quand il apprit que le gouverneur venait d’émettre un mandat d’arrestation contre lui et 22 députés légitimes, il se résolut à quitter la ville. Il amena sa femme Julie à Verchères, chez son frère le curé Bruneau et il se réfugia lui-même à Saint-Denis où il se sentait en sécurité. De nombreux oncles et cousins, les Cherrier, l’accueillirent volontiers. Et le chef local des Patriotes, le Dr Wolfred Nelson, un de ses meilleurs amis, se disait prêt à le défendre.

La victoire!
On connaît la suite. Au lieu d’envoyer quelques policiers pour l’arrêter, le chef des troupes britanniques Colborne lança deux corps d’armée (près de 1000 soldats en tout) pour le capturer. À Saint-Denis, la résistance fut victorieuse le 23 novembre. Mais deux jours plus tard, les Patriotes de Saint-Charles connurent la défaite. Et pour Louis-Joseph Papineau, ce fut le début d’un exil de huit ans.
C’est donc pour défendre leur « Premier ministre » et plusieurs autres députés que les gens de Saint-Denis se sont mobilisés. Ils se sont fort bien organisés et la victoire leur a souri.
À cause de cette belle résistance et de cette victoire, Saint-Denis a acquis une renommée nationale et il fut jugé digne en 1985 de voir la Maison nationale des patriotes s’ouvrir en plein coeur du village.
Le monument érigé sur le quai de Saint-Denis, au coeur du parc qui porte son nom, complète la réhabilitation de Louis-Joseph Papineau et de ses courageux compatriotes.

Onil Perrier

LES LIENS DE LOUIS-JOSEPH PAPINEAU AVEC SAINT-DENIS-SUR-RICHELIEU

PAPINEAU APRÈS L’EXIL : UN POLITICIEN INFLUENT
Au retour de son exil aux États-Unis (1837-1839) et en France (1830-1845), Louis-Joseph Papineau est demeuré un politicien important. Il fut de nouveau élu député dans deux comtés : Saint-Maurice en 1848 et Deux- Montagnes en 1854.

Les gens n’oubliaient pas ses grandes qualités et les services qu’il avait rendus à la Patrie. Mais il ne reprit jamais le pouvoir et ce sont d’autres anciens membres du Parti Patriote qui se retrouvèrent aux commandes. Il souffrit beaucoup de voir ses amis accepter tant de compromis : l’Union de 1840, le transfert de la capitale de Québec à Kingston, Toronto, Montréal et finalement à Ottawa. Il assista impuissant à la minorisation rapide de son peuple, suite au rapport Durham. Et il vit d’un mauvais oeil la pseudo confédération de 1867. Il souffrit surtout de voir ses compatriotes se diviser en deux partis, alors qu’entre 1814 et 1837 tous restaient unis pour combattre le seul véritable adversaire: les despotes britanniques.

Nelson, LaFontaine, Cartier s’unissaient autour d’un programme ‘‘conservateur” (les Bleus) pendant que ses amis Dorion, Doutre, Dessaulles et d’autres formaient le parti “libéral”, (les Rouges). Sa propre pensée politique avait beaucoup évolué. À voir comment les États-Unis et la France se développaient à vive allure sous des gouvernements républicains, alors que son pays stagnait sous un régime absolu et corrompu, il en était venu,
en 1849, à croire que nous gagnerions à nous annexer au pays voisin… Il prévoyait même que le Québec (ou les Canadiens-français)
pourraient former cinq ou six États américains…

C’est à d’autres niveaux que son influence se fit sentir: ses idées “libérales” (liberté d’expression, instruction du peuple, laïcité etc), continuèrent à être promues par les 23 instituts canadiens (dont un à Saint-Charles) fondés par ses disciples entre 1844 et 1869, malgré l’opposition des évêques. Par ses longues recherches dans les Archives à Washington et surtout à Paris, il a préparé la voie aux premiers historiens tels Garneau qui ont commencé pour de bon à écrire l’Histoire du Québec.

Manoir Louis-Joseph Papineau

Manoir Louis-Joseph Papineau

Par ailleurs, sa décision d’aller s’installer à Montebello et de peupler sa seigneurie de la Petite-Nation (un travail déjà commencé par son frère Augustin) eut l’effet d’établir une population francophone dans cette magnifique région entre Argenteuil et Hull. Cela mit fin à l’idée d’annexer Montréal à l’Ontario, que notre député Louis Bourdages avait brillamment combattue dans les années 1820. Son petit-fils Henri Bourassa allait d’ailleurs être élu dans ce même comté en 1896.

Édifice le devoir 1910_wikipedia.org

Édifice le devoir 1910_wikipedia.org

Ce même Henri Bourassa allait fonder en 1910, Le Devoir, le quotidien intègre qui a le mieux guidé les Québécois depuis un siècle. Que la mémoire de Louis-Joseph Papineau, artisan de nos libertés, reste vivante au Québec ! Et surtout à Saint- Denis qui lui a élevé un si grandiose MÉMORIAL !

Onil Perrier